De longues et belles journées de vélo ne nous ont pas permis de tenir à jour notre parcours. Voici donc un petit résumé depuis Lake Louise où nous vous avions laissés le 28 juin.
Côté météo, toujours grand beau avec des températures très chaudes (quasi systématiquement au-dessus des 35°) même si depuis nous ne sommes pas redescendus en-dessous des 1000 mètres d’altitude.
Après un jour off à Lake Louise, nous prenons la direction de Radium Hot Springs. Succession de belles montées / descentes avec pauses au bord de ruisseaux. C’est lors de l’une de celles-ci, alors que nous faisons classe aux enfants, que Thomas et Elsa entendent un bruit dans le buisson tout proche : c’est un grizzli qui nous observe puis passe son chemin.

A Radium Hot Springs, nous passons l’après-midi à nous requinquer dans les sources chaudes. Théo s’éclate au plongeoir, Elsa au toboggan et nous on récupère ! Le soir nous sommes accueillis chez Dave et Margaret dont, outre la gentillesse, nous apprécions tout particulièrement le toit quand l’orage se met à éclater.



S’ensuivent deux grosses étapes pour rejoindre la frontière américaine : Wasa Lake d’abord, à 117km de Radium, où nous barbotons face à un nouveau feu de forêt. Théo est ravi, cette fois nous voyons les Canadairs en action. Puis Wasa Lake – Eureka : stratégiques, les Houdy choisissent la journée à 41° pour parcourir 138 km ! Nous passons la frontière américaine à Roosville (Montana). Nous expliquons avec le plus grand sérieux notre périple sachant que l’officier a tout pouvoir quant à notre entrée (ou non) sur le territoire. Difficile néanmoins de garder ce sérieux lorsque Théo, venant de voir la photo officielle de Barack Obama, nous appelle en criant et s’exclame : « Maman, regarde, il y a la photo de Stromae ! ». Petite sortie sans conséquence, l’officier ne connaissant ni le français ni Stromae !

Toujours stratégiques, nous revendons à la frontière notre bearspray à 2 cyclistes qui partent du côté des Rocheuses canadiennes. C’est bien connu, les ours ne traversent pas les frontières. Cela fera beaucoup rire Greg et Michelle chez qui nous dormons le soir à Euréka : les Rocheuses américaines sont remplies de grizzlis et cougars !
Le lendemain (3 juillet), encore une bonne étape pour aller jusqu’à Whitefish. Après les 138 km de la veille, la succession de montées / descentes est dure – dure. Nous sommes toujours dans des températures caniculaires. C’est lors d’une des dernières montées avant Whitefish, alors que Théo et moi commençons à vraiment en avoir plein les pédales, qu’un chouette moment se produit : un cycliste du coin qui nous a doublés en voiture en se rendant à Whitefish a acheté des canettes bien fraîches et nous a attendus au milieu de la montée sur son chemin de retour pour nous les offrir.



Nous passons le samedi 4 juillet au bord du lac de Whitefish : jour de fête nationale oblige, nous ne pédalons pas (toutes les excuses sont bonnes !). Nancy, notre voisine de camping, venue avec toute sa petite famille parée pour l’occasion aux couleurs états-uniennes, nous propose alors un tour dans son bateau récemment acheté : une belle façon de découvrir ce grand lac dont nous ne voyions qu’une partie. A cause de la sécheresse, les feux d’artifice ont été annulés le soir et c’est donc bien déçus que nous n’assisterons à aucune festivité pour cette date si particulière.

Dans la nuit le vent tourne, les températures dégringolent : nous démarrons la journée sous un 15°. Nous apprendrons que le Montana détient le record mondial des changements de températures en un temps record : -20° à + 30° en quelques heures. Cependant, quand nous arriverons le soir au pied des Rocheuses américaines, nous dînons au bord du lac Mc Donald sous un beau coucher de soleil (désolés pour le jeune homme au bout du ponton dont nous avons probablement ruiné le plan drague…).

Le 6 juillet, très courte étape, nous passons le plus clair de la journée au bord du lac, entre baignade, tour de bateau, classe, sieste. En effet, on sait que le lendemain nous avons l’ascension de la mythique route Going to the Sun, construite à flanc de montagne il y a près de 100 ans. 7 juillet : départ sous les nuages (pas mécontents vu ce qui nous attend) à 1050m d’altitude à 7h45 car à partir de 11h la route est fermée aux cyclistes du fait d’une circulation trop importante sur cette route de montagne. A quand une interdiction des voitures du fait d’une circulation trop importante des cyclistes ? 28 km plus loin et 4h plus tard (un peu en retard sur le timing !), après une ascension dans des paysages magnifiques à flanc de falaise, nous atteignons Logan Pass, à 2025 m d’altitude. Et la route n’a jamais aussi bien porté son nom : les rayons du soleil apparaissent à notre arrivée au sommet. Le ranger du parc nous met en garde pour la descente : par deux fois quelques minutes plus tôt il a dû éloigner un grizzli facétieux qui jetait des pierres sur la route. Nous descendons donc vigilants jusqu’au lac Saint Mary.

Le lendemain 8 juillet, nous grimpons une autre route de montagne, la 49. C’est sûr, c’est moins vendeur que Going to the Sun mais tout aussi magnifique dans la réalité. En deux journées de vélo, nous aurons accumulé plus de 2000 mètres de dénivelé. Bravo aux enfants qui ont carrément assuré sur ces deux étapes de montagne, aidés par les encouragements des touristes et des locaux. Nous atteignons East Glacier Park le soir, après avoir vu nos deux derniers ours noirs se courser sur la route et sauter allègrement les rambardes de sécurité ! Sam et Jo nous accueillent dans leur petite maison et insistent pour que nous restions 2 nuits : en effet, le lendemain commence un énorme rassemblement d’Indiens dans la ville toute proche de Browning, avec les relais à cheval et un des plus grands pow wow de l’Ouest américain. Ainsi, ce 9 juillet, Jo nous emmène voir ce qui restera comme un moment très fort de ce voyage. D’abord une course surréaliste dans laquelle 4 cavaliers s’affrontent sur 3 tours de pistes, avec changement de cheval à chaque tour. Difficile de décrire l’intensité du moment. C’est extrêmement impressionnant, plus que le quinté de Longchamp. Puis viennent les danses des différentes tribus indiennes, les discours des chefs et le pow wow final. Jo nous explique que c’est un rassemblement très important ici, pour perpétuer les traditions souvent si difficiles à concilier avec les temps modernes. East Glacier Park marque pour nous la fin de la traversée des Rocheuses, qui a été une incroyable entrée en matière de ces 10 mois sur la route.