Pas franchement eu le temps de raconter nos dernières étapes depuis un bon bout de temps. On a délégué aux enfants ! Allez, petite rétrospective depuis les chutes du Niagara et rapide bilan de nos 3 premiers mois.

Après avoir laissé le canal Erie, nous avons donc longé la rivière Hudson pour rejoindre New York. Fini le plat, retour aux collines, avec des airs de Monts d’Or !





Si les altitudes sont loin de celles des Rocheuses, par contre nos mollets redécouvrent ce que c’est que faire du dénivelé : 1201 mètres de positif un certain 27 août nous ont achevés ! Par contre, cela se confirme, quand c’est dur, c’est beau. Les différents passages au-dessus l’Hudson offrent à chaque fois de très beaux points de vue et on a particulièrement aimé Walk over the Hudson, magnifique pont réservé aux piétons et cyclistes.

Nous avons remonté les traces du marquis de Lafayette (ah, quand il s’agit de contrarier les Anglais…). Les abords de l’académie militaire de West Point que nous avons contournée par une bonne grimpette sont également magnifiques.


Nous passons ensuite en mode piéton pendant une petite semaine sur New York (avec « pied à terre » au nord de New York qui a permis de visiter en toute sérénité la ville – merci Cécile et Dave !). Thomas connaissait déjà mais forcément, avec femme et enfants, ce n’est pas le même New York qu’il a visité.

Ce fut intense et passionnant, par l’architecture, l’art, les musées, l’énergie qui se dégage … Bref, New York on a adoré. Je complète : comme me le disait une personne sur place : « you can’t beat NY » et c’est parfaitement vrai. Ville bouillante d’énergie, architecture démesurée, le bruit, les odeurs, les coins branchés sont toujours là.



En plus c’est une ville qui est vraiment devenue bike-friendly, autant que l’on puisse l’être dans un tel trafic. Pédaler dans le Bronx, dans Central Park, le long de Hudson River, et au pied des tours dans le lower Manhattan a été une expérience incroyable ; nous espérons que les enfants garderont quelques images de la découverte progressive puis de la plongée dans la ville en tandem.
On a visité quelques musées passionnants dont celui d’Ellis Island sur l’immigration américaine et le muséum d’histoire naturelle : cela nous a permis de voir enfin un orignal et d’apprendre qu’il y a également des ours noirs en Floride, qui en plus n’hibernent pas ! On ne s’en sortira donc jamais !

Puis nous avons quitté New York en bateau, direction le New Jersey. La température était caniculaire et nous avons eu quelques journées assez fatigantes. Nous sommes donc passés en mode réduction de kilomètres quotidiens, d’autant plus qu’il fait désormais nuit à 19h.
Nous avons visité Philadelphie, ville très riche par son histoire. Les enfants ont eu un peu de mal avec la théâtrale guide de l’Indépendance Hall (on sait pourquoi elle a raté une carrière internationale…) mais ils ont vraiment aimé, tout comme nous, le National Constitution Museum, passionnant sur la constitution et la façon dont elle est mise en œuvre aux Etats-Unis, sans aucun tabou sur les dérives qu’il y a pu avoir (la célèbre phrase de Jefferson sur l’égalité entre les hommes alors qu’il avait lui-même un sacré nombre d’esclaves à son service, les Américains d’origine japonaise stigmatisés pendant la seconde guerre mondiale, le Mc Carthyism, etc.). Peut-être que dans quelques années ils se pencheront sur les errements de la politique extérieure américaine post 11 septembre.



(Ps : au fait, Jefferson n’était même pas présent pour la signature de la Constitution, car il était en représentation diplomatique en Angleterre durant cette période … historique !).
Nous avons ensuite plongé dans le passé, en plein territoire Amish du côté de la Pennsylvanie. Nous étions juste à côté de Lancaster, une des plus importantes, si ce n’est la plus importante, communauté Amish (si, si, souvenez-vous, le film « Witness »). Avec les calèches, nous nous sentons moins seuls sur la route face aux pick-ups. Et si nous souffrons de la chaleur, qu’en est-il pour eux à récoler le maïs à la main ou à labourer dans la poussière derrière les chevaux ?




La fatigue se fait sentir et nous nous posons deux jours à Quaryville (Pennsylvanie donc). On recharge les batteries dans une superbe maison où nous disposons d'un étage et d'une chambre chacun. Nous viderons finalement les batteries le soir même en improvisant une soirée discothèque dans le sous-sol avec nos hôtes, Lisa et David, pour le plus grand plaisir des enfants (mieux que la boum de la classe verte, dixit Théo !).


Le lendemain, le temps a tourné à l’orage. Vers 13h, en haut d’une bonne côte, Thomas fait une pause en attendant que Théo et moi finissions la grimpette. Le ciel devient soudainement noir. Une dame sort de son jardin pour venir à notre rencontre et nous demande si on a besoin quoi que ce soit ; « non, non, merci, tout va bien » répondons-nous hyper confiants face aux éléments. Alors arrive un automobiliste : « il pleut des cordes juste en bas de la colline, sûr que vous ne voulez pas pédaler là-dedans ! ». Sue (la dame précédemment citée) nous invite à rentrer chez elle : il y a un dieu pour les cyclistes et il a le bon goût de lui donner l’idée de nous proposer également le repas ! Par contre, Rick (le mari de Sue) et Thomas ont eu eux le mauvais goût de regarder les super applications météos smartphones : ça s’éclaircit bien juste après la grosse averse. Moi je penchais plutôt pour l’application humaine de Sue : « restez dormir là ce soir si vous voulez ».
Nous voilà repartis sous une brève éclaircie vers 15h et sous des trombes d’eau à 15h15 … jusque ’à la fin de l’après-midi … Cela nous aura permis de voir que les vêtements de pluie des enfants ne sont pas waterproofs sous une grosse pluie : veste, doudoune et T-shirts étaient trempés. Par contre Théo et Elsa sont bien waterproofs eux : ils ont gardé le sourire et le moral malgré une journée bien pourrie côté météo ! Top les enfants.

pluvieux.jpg

Le Maryland, état dans lequel nous venions de pénétrer au moment de l’énorme averse, nous a achevés le lendemain avec ses dénivelés : pour la première fois nous avons dû mettre pied à terre (à 3 reprises) et pousser les vélos… Par contre l’arrivée sur Washington a été un régal : uniquement de la piste cyclable pendant une trentaine de kilomètres dans les bois pour nous emmener au cœur de la capitale (qui est bien plan plan il faut le dire par rapport à New York). Je complète : Washington est fantastique pour tous ses musées extrêmement riches (et gratuits, grâce à une donation de Mr James Smithson), mais alors les grands bâtiments imposants et les grandes avenues sans âmes sont assez ennuyeuses. Bref, you can’t beat NY !!




Depuis le 13 septembre nous visitons donc les nombreux musées et monuments, tous plus intéressants les uns que les autres, avec encore une mention spéciale au musée de l’air et de l’espace. Tout ceci dans un superbe hébergement en plein cœur de Washington. Thanks Winfield !
Nous avons repris la route ce jeudi 17, direction le Sud avec en ligne de mire la Floride, via les outer banks, sorte de péninsule au large des côtes de la Caroline du nord. On va pouvoir se baigner dans quelques jours si la météo ensoleillée et chaude se maintient.

Profitons-en pour faire notre petit bilan des 3 mois, juste après New-York, au 5 septembre :

Nous avons pédalé 5 910 km et avons (plus ou moins) parcouru 5 états des Etats-Unis (Montana, Minnesota, Wisconsin, Michigan et New York).
Nous avons accumulé 31 500 mètres de dénivelé avec donc un record battu en termes de dénivelé : 1201 mètres dont on n’est pas sortis complètement indemnes.
24 nuits avec le réseau warmshowers ou chez des amis, 4 nuits en camping plus ou moins officiel
Et aucun pépin technique !
Quant au vent, depuis notre descente vers le sud, il est comment dire, plus versatile ! Du nord-est des Etats-Unis :

  • On a adoré : Walk over the Hudson ; New-York en général et la Highline en particulier ; notre accueil si français chez Chris et Ann ; Brian et le Triple J.
  • On a aimé les différents paysages au-dessus de l’Hudson ; la route longeant West Point ; l’arrivée cycliste sur les chutes du Niagara ; les pistes cyclables bien présentes dans l’Etat de New York.
  • Déjà que l’on n’aime pas ça, on n’a franchement pas compris et pas aimé les selfies à Ground Zero (mais il paraît que si on n’aime pas les selfies, c’est (très raccourci) parce qu’on est vieux : cf fin de cet article de Libé).


A+ !