Nous quittons donc le continent nord-américain, après plus de 7 mois passés à pédaler, mais pas que, entre Canada et Etats-Unis.

Depuis le 1er février, nous sommes donc sur le sol Cubain, pour une toute autre expérience cyclotouristique. Les derniers jours en Floride ont été passés dans la ferme de Gabriele et Ernest, en compagnie d’une famille allemande en whoofing et d’un cycliste français. Nous sommes ensuite remontés sur Miami par une piste cyclable sans intérêt mais qui avait au moins le mérite d’être sûre.

Depuis Key West, nous avons été frappés par le nombre de personnes vivant dans la rue ou dans des conditions de grande pauvreté dans cette partie des Etats-Unis. C’est sûr que le climat est plus clément lorsque l’on n’a que la rue pour seule résidence. Nous avons croisé beaucoup de ces personnes à vélo, moyen qu’elles ont trouvé pour trimballer toute leur vie … on en sait quelque chose.

Puis, d’une rue à une autre, sans transition aucune, nous sommes arrivés dans le Miami des voitures de luxe (un vrai salon de l’auto), des maisons clinquantes et de l’argent ostentatoire. Nous avons filé directement à l’aéroport, pour repérer les lieux de notre embarquement matinal du lendemain, puis à l’hôtel, pour une petite nuit pleine de stress comme avant chaque déplacement en avion ou en train de Ben et Jerry. On ne peut donc pas vous dire grand-chose de Miami. On n’a même pas croisé sunny et croket, les légendaires flics.

A 6h30 ce 1er février, nous arrivions donc à l’aéroport international de Miami, au guichet de Bahamas Air. Pour nous entendre dire : « ah non, ça va pas être possible, vos vélos sont beaucoup trop grands ».

Grande respiration et contrôle de soi, bluff en indiquant que si si on peut vraiment les réduire et 1h30 après, tournée de sourires pour tous, nos deux montures embarquaient (avec nous 4 !) sans encombre en direction de Nassau (Bahamas) pour une courte halte avant de poursuivre sur la Havane.

Toujours compliqué de partir directement des Etats-Unis pour Cuba, l’embargo étant aujourd’hui encore en vigueur. On peut tenter de postuler pour rentrer dans certaines catégories (voyage humanitaire, éducatif, religieux, familial ….) mais ensuite le voyage est très bordé et ça coûte un bras (même si ce n’est pas indispensable pour pédaler, on le concède…). Vers 12h nous posions donc les pieds et les roues sur le sol Cubain. Qué buéno !

Après près de 8 mois de périple nord-américain, petit regard dans le rétro et voici ce qui va nous manquer du Canada et des Etats-Unis :

  • Toutes les personnes rencontrées via le réseau warmshowers, par connaissance, par hasard. Heureusement nous devrions revoir certaines d’entre elles en France, une première visite étant prévue pour début mai, quand nous serons à peine rentrés !
  • Les exclamations si américaines qui flattaient notre égo à chaque fois que nous racontions notre périple : Awesome, amazing, unbelievable, you’re my heroes, I have so much respect for what you’re doing… et bien d’autres !
  • Les (très) grands espaces
  • Le sweet corn, le cornbread, les corn nuggets, bref le maïs sous toutes ses formes
  • Les burgers faits maison
  • Le soleil de Floride que nous nous remémorerons avec nostalgie en décembre et janvier l’an prochain
  • Les grizzlis, ours, wapitis, daims, serpents, alligators, tortues, tatous, ratons-laveurs, iguanes, oiseaux migrateurs magnifiques, bref toute la faune plus ou moins sauvage rencontrée au détour des routes et des chemins
  • La folie de la Nouvelle-Orléans
  • New-York city by bike
  • Les pistes cyclables rien que pour nous
  • La magie Disney et les sensations Universal (et pas que les enfants !)


Ce que nous ne regretterons pas du Canada et des Etats-Unis :

  • Les chiens en général et les pitbulls en particulier (on a frôlé le trauma canin)
  • Les trains et leurs conducteurs debout sur le klaxon qui nous ont gâchés plus d’une nuit
  • Les rednecks qui nous ont parfois doublés d’un peu trop près avec leur gros pick-up avec pot d’échappement trafiqué (le truc qu’on fait à 14 ans sur une mobylette, ils le font à 40 ans sur leur pickup …)
  • Les moustiques (mais eux on sait qu’on va les retrouver !)
  • Les déchets omniprésents au bord des routes états-uniennes, pire que la France des années 80 (si, si) et ce quel que soit l’état traversé
  • Les Harley au bruit surboosté (et que l’on ne nous fasse pas croire qu’il s’agit d’une musique), une vraie nuisance dans les grands espaces
  • Les messages relatifs aux armes à feu et la religion trop intrusive. Une vraie différence qui tient certes à l’histoire de nos pays respectifs et de leur construction, mais une différence que nous n’avons pas réussi à surmonter malgré les nombreuses discussions très ouvertes que nous avons eues à ce sujet.


Depuis une semaine que nous sommes à Cuba, nous avons déjà pu apprécier la découverte d’une petite partie de l’île à vélo, moyen de locomotion vraiment idéal ici.

La Havane, avec ses très nombreuses ruelles dans lesquelles nous avons aimé nous perdre : une atmosphère pleine de vie, d’énergie, avec un goût de Nouvelle-Orléans, en plus épicé peut-être encore. Et ce 5 février (merci pour tous les messages !), nous sommes partis dans le nord, direction Bahia Honda, Palma Rubia et Vinales où nous retrouvons un peu de connexion.

Quel bonheur de pédaler dans une nature exubérante, où les véhicules sont rares une fois quittée la ville.


Nous apprécions le silence et le rythme lent, les haltes improvisées pour manger dans une échoppe du bord de route et les enfants revivent socialement : tous les après-midi, avec leur petite balle de foot et la batte de baseball (sport national), ils se fondent avec les enfants de la Havane ou des villages, passant des heures à jouer. Dans leur langage à eux, ils comprennent de suite les règles du loup-touche-touche local ou de la « pelota ».

Bref, cet avant-goût cubain est des plus savoureux et nous espérons pouvoir vous en faire partager un peu.