Après la folie Orlando, nous avons donc repris la route en direction des Keys, ces petits bouts d’îles au sud de la Floride, initialement reliés par le train au début du XXème siècle par un certain Flager. Sa femme, de faible constitution, dut aller se faire soigner à Saint-Augustine (cf un de nos posts précédents) où elle mourut. Du coup, pour l’anecdote, il épousa une des infirmières qui l’avait soignée.
Lors de son séjour en Floride, il remarque que les hôtels manquent. Pour faire court, il voit donc le potentiel de la Floride (alors que DisneyWorld n’est pas encore construit, quel visionnaire !) et développe des hôtels, et pour amener du monde, le rail sur la côte est de la Floride, de Jacksonville jusqu’à Key West. En 1912, le premier train arrive aux Keys. So what, me direz-vous, à la lecture de ce début de post. So, c’est plutôt impressionnant quand on y regarde de plus près (n’hésitez pas à faire un tour là-bas avec Google Earth). Plus encore que les Outer Banks, les Keys sont un chapelet (décidément, on en revient toujours à la religion…) d’îles tout au sud de la Floride, reliées entre elles aujourd’hui par des ponts moches aux trop nombreuses voitures.



Mais en 1912, ledit Flager donc, avait (entre deux ouragans) relié toutes les îles entre elles par des ponts qui amenaient le train (et accessoirement les touristes) jusqu’à Key West, connu notamment pour la présence d’Hemingway, qui séjourna également à Cuba (de là à dire que l’on suit ses pas...).

Assez de digressions, revenons à nos vélos. A la suite d’Orlando, nous souhaitions donc parcourir les Keys, mais faire un aller/retour ne nous inspirait guère. Nous avons donc opté pour un retour sur la côte ouest de la Floride, c’est-à-dire sur le Golfe du Mexique, juste au sud de Tampa, avec une belle descente (façon de parler, c’est on ne peut plus plat) jusqu’à Fort Myers où nous avons pris le ferry donc pour Key West.
Entre Orlando et Fort Myers Sylvaine nous a fait un petit coup de froid soigné, avec les encouragements de nos hôtes respectifs, au rhum/citron/miel. Elle a découvert qu’un shot de Rhum le matin avant d’attaquer la journée est assez agréable. Hemingway, sors de ce corps.

Merci à Cathy, hôte française « de secours » qui lui a permis de se rétablir. Difficile encore de relater tous les excellents moments que nous avons passés avec nos hôtes cyclistes : nous avons enchaîné bon repas et soirées qualitativement arrosées. La communauté cyclo a très bon goût dans ce pays !

Les enfants décernent une mention spéciale à Shawn, qui les a fait rire tout une soirée à la façon mime Marceau, ainsi qu’à Meruda et Robert qui les ont chouchoutés à coup de glaces et de pop corn. Ils les ont même emmenés en voiture pour aller jusqu’au ferry tandis que les parents pédalaient dur.




Le ferry donc. Pour relier Fort Myers à Key West en 3h30, il y a un ferry express dont des tandémistes croisés en route sur la très belle piste cyclable Legacy trail (soit dit en passant pour les éventuels cyclos qui nous liraient) nous avaient prédit le pire en termes d’acceptation de montures doubles sur ce gros catamaran. En fait le chargement de Ben et Jerry sur le bateau a été une simple formalité, le personnel se chargeant même de les monter à bord. Un luxe.

Contrairement aux attractions Universal, Théo a beaucoup moins goûté aux joies de la navigation. Il faut dire que les deux jours précédents, les traversées avait été annulées pour cause de gros temps et l’océan était encore bien houleux. A la première vague Théo est devenu blanc, à la deuxième vert et à la troisième … on vous épargne les détails. Le petit-dej d’Elsa a quant à lui attendu la 5è vague pour nous signifier qu’il ne se trouvait pas à son aise au fond de son estomac et qu’il souhaitait retrouver au plus vite sa liberté.


                               L’arrivée sur Key West a vite dissipé tout ça : un vrai décor carte postale. L’eau est au loin d’un vert hallucinant, translucide dans le port et au bord des plages.






Nous passons 24h à Key West à découvrir la résidence secondaire des présidents, la maison d’Hemingway et la nombreuse descendance de son chat à 6 orteils, le point le plus au sud des Etats-Unis (à quoi bon écrire que l’on est à 90 miles de Cuba quand on ne peut pas y aller ?!), les ruelles dans lesquelles on se perd, le tout hébergé chez Sarah, qui aurait pu jouer dans le film Cocktail sauf qu’elle s’appelle pas Tom et pas Cruise non plus. Mais elle prépare de délicieux cocktails au bar du restau Blue Heaven.




Puis nous partons donc du Mile 0 pour remonter les îles. Nous avons un peu l’impression de pédaler sur l’eau, surtout lors d’une traversée sur un pont de 12 km. On vous laisse apprécier les photos qui parlent d’elles-mêmes.











Et on a rencontré encore toutes sortes d’animaux.





Même faire école a été sympa !




Mais on ne va pas se mentir. Tout n’est pas non plus idyllique.

Key West tout d’abord a un petit côté Cap Ferret avec des hordes de minis et 4X4 excités, en particulier envers les vélos, trop nombreux et trop lents probablement à leur goût. Nous avons eu droit à quelques klaxons, cris et même un défilé de majeurs très classes !

Sylvaine et Théo ont encore fait les frais d’un automobiliste étourdi et nous nous félicitons de notre choix allemand, indestructible ou presque, en termes de tandem qui encaisse là son 3ème choc après la chute de l’avion et le 4ème âge drogué. Le binôme se porte bien aussi. Mais les cyclistes sont clairement une espèce en voie d'exctinction.




Sur les ponts, si on en prend plein les yeux, on en prend aussi plein les oreilles entre le vent et la circulation très dense. De temps en temps heureusement les ponts de Flager ont été réhabilités en pistes piétonnes et cyclables et nous pouvons pleinement apprécier le trajet.

Et puis il y a eu ce petit raté en termes de camping sauvage sur l’île de Marathon : ce que l’on croyait être une maison en travaux s’est avérée habitée et nous avons eu droit à la visite des shérifs au petit matin (sans les croissants, ça ne vaut pas le police de Russelville !). A une semaine de notre départ des Etats-Unis, avec une procédure de renouvellement de visa toujours en suspens, on a eu un léger coup de stress. Mais les deux représentants de l’ordre ont été sensibles à notre périple et nous avons pu repartir sans autre forme de procès. Mais la notion de propriété privée est ici poussée à l'extrême (-mement lourd), tout comme les craintes pour des raisons d'assurance, ou encore, entendu au détour d'une discussion entre quelques adolescents : "stranger : danger" ... forcément, la nouvelle génération ne va pas forcément se montrer plus accueillante envers les voyageurs.

Le lendemain ce sont des trombes d’eau qui nous tombaient sur la tête (mais ici elle a le bon goût d’être tiède) et nous devions écoper les tentes au milieu de la nuit.




Bref, rien de dramatique, que de l’anecdotique. Nous avons quand même quitté à regret les Keys car c’est assez unique comme traversée à vélo.





Nous remontons désormais tranquillement sur Miami d’où nous prendrons l’avion lundi 1er février pour Cuba, via un saut de puce, embargo américain oblige, par Nassau (Bahamas). Nous envisageons de passer un mois et demi sur l’île à la rencontre des habitants, de leur culture et de paysages dont les cyclotouristes vantent la beauté exceptionnelle (mais qui se méritent, ça grimpe). L’internet étant aléatoire, on ne sait quand seront les prochaines nouvelles. Hasta la bicicleta siempre !



On en profite pour un petit bilan très en retard de notre 7ème mois.
Entre temps, nous avons changé de monture.



Au 5 janvier, nous avions parcouru 11 621 km et grimpé un peu plus de 56.000 mètres. Nous avons plus ou moins traversé 16 états des USA et on s’en arrêtera là (pour cette fois).





On a continué d’alterner camping, camping sauvage et hôtes. Pas de pépin technique, Ben et Jerry se portent toujours à merveille.
On a eu un vent systématique dans le nez, quelle que soit la direction prise. La Floride ne nous a laissés aucun répit en termes d’effort mais comme les mois à venir seront de nouveau montagneux, c’est peut-être mieux de ne pas perdre le rythme.
On a eu aussi pas mal de pluie et un temps inhabituellement chaud ; ici on aime à dire que c’est El Nino, pas le changement climatique.

Du sud des Etats-Unis, On a adoré : les nuits au bord de l’eau ; la presqu’ile de Santa Rosa ; Noël chez Terri et Steve ; le gator trail avec la balade au milieu des oiseaux et alligators, le parc de Sopchoppy dans les terres
On a aimé : la ville de Saint Augustine au petit (dimanche) matin ; le Kennedy Space Center ; l’invitation au resto par un couple au bord de la route ; la plage et les piscines de nos hôtes … On a moins aimé : la pluie et le vent dans le nez !

Aller zou, au lit : demain, La Havane nous accueille!