Vous pardonnerez aisément cette entrée en matière quelque peu abrupte, mais inutile de tourner autour du pot, ustensile de cuisine d’ailleurs fort pratique pour mettre un terme propre et net aux agissements du vil volatil. Couic.
Car ici, quand l’ouvrier révolutionnaire et pauvre glorifié par les élites politiques riches et oisives, et le cycliste fourbu tentent de trouver quelque sommeil réparateur après avoir modérément savouré Robaina et Mojito, le prétentieux emplumé, lui, attend son heure, embusqué au fond du jardin tel un pitbull hargneux confédéré plus possédé qu’un prêcheur de l’église luthéro-zioniste du dernier sein orthodoxe, qu’il vaudrait mieux cacher car je ne saurais le voir.

Oui, le coq est fourbe, même envers ses comparses pondeuses qui, elles aussi, ne demandent qu’une chose : dormir du sommeil du juste tout en préparant au plus profond de leurs entrailles le petit déjeuner du cycliste susmentionné.

Alors oui, au petit jour, elle peut être fière la poule et caqueter -de fierté ou de douleur, elle seule le sait - quelque peu. Mais le jour est levé, tout comme le cycliste, déjà à pied d’oeuvre pour prendre le meilleur cliché de l’ouvrier buriné (mais pourquoi-donc n’utilise pas d’écran total Garnier ?) récoltant, plié en deux, les feuilles de tabac, en commençant par le bas du pied.

« Non Pedro, s’il vous plait, pouvez-vous vous tourner un peu de ce côté-ci, sinon vous êtes à contre-jour et on ne perçoit pas bien votre effort ». Il n’est pas rare à ce stade que le cycliste photo-amateur poursuive son aventure une machette plantée au milieu du front, ce qui s’avère douloureux et dangereux lorsqu’il s’agit de piloter un tandem.


Le coq, lui, n’attend pas l’aube pour produire ses méfaits. Tel un barde gaulois insomniaque, il lance tout au long de la nuit ces quelques notes que Dame Nature n’a pu imaginer qu’au terme d’une soirée alcoolisée sur les plages d’Ibiza en se trémoussant sur du David Guetta mixant les Musclés.
Cocoricoo qu’il chante, l’emplumé à deux pattes. Et Cocoricoooo lui répondent tous ses potes comploteurs répartis à des kilomètres à la ronde, et ce, pendant 5 minutes. Ils attendent alors une heure ou deux que le silence retombe et le sommeil s’installe, et c’est reparti. A Cuba, les maisons n’ayant pas de fenêtre, mais de simples persiennes, on profite à fond de cette coqophonie d’emplumés.

On a beaucoup parlé de la crise des missiles de Cuba, mais on en sait beaucoup moins sur les terribles événements qui ont secoué durant plusieurs jours la paisible bourgade de Collonges au Mont d’Or il y a quelques années.

Il vint un jour à l’un de nos voisins dont l’anonymat doit être préservé, appelons-le Denis C., l’idée saugrenue d’adjoindre à ses poulettes les services d’un coq, probablement dans l’objectif purement capitaliste de faire grossir son cheptel. Le coq bien entendu, dès la première nuit, enchaina ses cris ridicules.
Le lendemain, réunion du conseil de crise chez notre autre voisin, que nous appellerons Jacques B., avec rédaction d’une résolution plus contraignante qu’une missive mensongère de la dream team Bush-Rumsfeld-Powell assoiffée de pétrole Irakien. L’ultimatum assez peu diplomatique, nous en conviendrons, disait ceci : « tu l’bouffes ou on s’en occupe. Tu as jusqu’à ce soir. »
L’histoire retiendra que Jacques B. préfère la grâce raffinée du sanglier déambulant avec nonchalance sous le clair de lune au bord de sa piscine, aux chants répétitifs de maître Coq. On ne lui en voudra pas.

Bien entendu, il est plus aisé de faire gambader un coq qu’un sanglier sur la pelouse du stade de France. Mais qu'on ne me dise pas qu'un pays a pu avoir l'idée saugrenue de faire de ce bête gallinacée son emblème nationale. J’en pouffe rien que d’y penser.