Depuis 3 semaines nous passons d’un grand lac à un autre. Après le lac Supérieur, c’est le lac Michigan (ce fut très court), puis le lac Huron (nous y sommes restés un bon moment) et maintenant le lac Erie.
On a eu de beaux moments sur les rives des lacs mais aussi des « étapes de liaison » pas franchement palpitantes, voire carrément pénibles au bord de 4 voies avec des paysages moyens et pour seuls animaux les daims, ratons laveurs, écureuils, lapins et autres blaireaux écrasés en bord de route … Ah si, on a eu aussi des chiens bien vivants avec deux situations un peu chaudes ! Seul réconfort, le bon vent dans le dos qui nous accompagne depuis le début de ce périple nous permet de raccourcir en temps ces étapes-là.
Mais globalement : ras le bol des Harley qui font un bruit inconnu en France, et ras le bol des chiens mal dressés !

Côté religion, les églises sont très présentes, avec parfois 4,5 églises différentes dans un tout petit village. Pour notre part, nous sommes très ouverts et « mangeons un peu à tous les râteliers » : après une tentative de conversion par les témoins de Jéhovah (ça n’a pas marché), nous avons partagé une prière avec un pasteur méthodiste afin d’avoir un périple sûr et avec une météo favorable (ça a marché !), avons passé une nuit dans le jardin d’une église luthérienne, puis dans le jardin d’un hôte évangélique, dormi sur la plage privée d’une église baptiste, pique-niqué sur les bancs d’une église orthodoxe serbe ... On est loin d’avoir compris toutes les subtiles différences entre chacune mais à chaque fois la pelouse et les installations sont accueillantes.

A Munising, début août, on a changé un temps de mode de transport pour découvrir les Pictured Rocks, falaises sculptées et colorées qui ne sont visibles que du lac.



Sur la route menant au lac Manistique, nous pensons être victimes d’une hallucination, mais non, c’est bien un tandem semblable au nôtre que nous croisons, avec deux Autrichiens en vadrouille pour 2 ans et demi depuis l’Europe jusqu’au Brésil.

A Manistique, nous restons deux jours chez Jan et Gary pour cause de météo pluvieuse, de jambes lourdes et aussi d’accueil 5 étoiles. Gary, pour la petite histoire, a été un des relayeurs de la flamme olympique au JO de Los Angeles en 1984. Il a couru le marathon aux jeux, son temps : 2h22 ! Respect. Nous avons même eu en main la flamme qu'il a portée sur les différents relais qu'il a assurés.
La maison au bord de lac nous permet de faire quelques tours en bateau, Théo attrape deux poissons rapidement relâchés à l’eau, c’est également marshmallows grillés, jeux de société et farniente.

Pour rejoindre Mackinaw City, nous devons traverser un pont immense, venté et sans voie pour piétons/cyclistes. Du coup Ben et Jerry sont chargés dans une remorque mais la hâte de l’employé qui devait finir sa journée fait que l’amarrage était plus que précaire. Trois chutes plus tard, nous avons enfin traversé.

Nous longeons désormais le lac Huron et quittons les villes au nom si français, par l’histoire de cette région-ci. Nous tombons sur une magnifique piste cyclable, seule au milieu de la forêt, qui sent encore le goudron tout neuf. Tellement neuf qu’en fait elle n’est pas finie.
Détail qui a son importance, il manque un pont, ce qui nous oblige à faire un peu de hors-piste pas évident avec nos montures chargées.

C’est dans ce coin-là que nous avons rencontré Philippe Lepage, navigateur qui a parcouru une bonne partie des océans. Outre ses qualités de navigateur, il est aussi champion de chiens et souris en ballon, pour le plus grand plaisir des enfants.

Le 8 août, notre cœur n’a fait qu’un bond lorsque nous sommes arrivés dans la petite ville de Pinecoming dont le panneau d’entrée annonçait qu’elle est la capitale du fromage.

Et là, devant nous, surgit le cheese shop. Bon, on ne va pas faire durer l’histoire : on est rentrés dans la boutique, pas la moindre odeur de fromage, mais des carrés caoutchouteux cellophanés par dizaines. Thomas a eu une pensée pour la fromagère de Fontaines et nous avons pédalé pour oublier !

A Carsonville, nous avons été chaleureusement accueillis par Brian chez qui nous avons passé deux jours, pour les mêmes raisons que chez Jan et Gary. Brian est une personne à part et on ne peut que vous conseiller d’aller le rencontrer dans sa maison perdue au fond des bois.
Et tant que vous y êtes, arrêtez-vous également dans LE restaurant de la ville, le Triple J qui a tenu à nous offrir un excellent petit déjeuner bacon/œufs/pancakes etc. Les enfants sont repartis en plus avec un T-shirt qui leur correspond bien !


Brian a une bonne copine Sue, championne du monde de bataille de polochons, ce qui a ravi les enfants. Cela a été une belle rencontre, ponctuée de nombreux fous rires, et on espère bien les revoir ici ou là avant leur grand saut en canoë dans les chutes du Niagara qu'ils ont prévue, façon Thelma et Louise.



A Marysville, nous avons été accueillis par un autre champion. S’il n’a a priori pas porté la flamme olympique, Robert a parcouru plus de 200 000 kilomètres à ce jour sur son vélo, aux Etats-Unis uniquement. A 74 ans, il partira l’été prochain depuis son domicile jusqu’en Alaska. C’est une personne très « inspirante ».
En cliquant sur l'image vous verrez les petits points qui retracent le chemin parcouru par Robert aux US ...


Après Marysville, nous repassons la frontière canadienne en prenant le ferry à Marine City sur la rivière Saint-Clair qui permet la jonction entre les lacs. Des bateaux énormes y naviguent. Le soir, nous avons un accueil surréaliste chez Chris et Ann : drapeaux français à l’entrée de la maison et T-shirts « I love Lyon » !

Leur fils a étudié là-bas et ils ont eu plusieurs fois l’occasion de s’y rendre. Chris a des origines italiennes encore bien présentes. Il apprécie la compagnie des femmes qui pour lui s’appellent toutes Marie-Claire en France.
Ainsi, si dans le métro vous entendez des « Marie-Claire » par-ci, « Marie-Claire » par-là, c’est lui !
Longer le lac Erie est un vrai plaisir en vélo. Nous suivons une petite route côtière, avec très peu de circulation et une vue magnifique sur le lac avec ses reflets turquoise. A Long Beach Point, lorsque nous nous pointons en fin d’après-midi, le camping est complet. Cela nous est arrivé plusieurs fois par le passé mais il n’y avait jamais de problème pour nous trouver un bout de pelouse pour planter nos tentes. Là c’est un non définitif. Nous sommes loin de tout et dans un endroit où le camping sauvage n’est pas vraiment possible.
Nous retournons au camping au moins pour prendre une douche et sympathisons alors avec une famille sri lankaise qui veut bien partager son emplacement, et leurs réserves de nourriture avec nous ! On s’en sort encore bien et échangeons avec eux sur notre expérience au Sri Lanka il y a quelques années.

Ce dimanche 16 août au soir, nous sommes seuls dans une maison à Port Colborne, au bord du lac. Les hôtes ne l’occupent plus depuis un moment apparemment et cela donne une ambiance particulière entre vieilles photos de famille, poussière et toiles d’araignée. Demain c’est lever aux aurores pour tenter d’arriver avant les flots de touristes aux chutes du Niagara. Nous repasserons ensuite la frontière américaine d’où nous prendrons le canal Erie puis la vallée de l’Hudson pour rejoindre New York début septembre.