Après une semaine à attendre le passage de Joaquin qui a finalement choisi l’option Atlantique plutôt que de frapper la côte est américaine, nous avons enfin atteint les Outer Banks.
Les 5 jours d’attente n’ont toutefois pas été trop difficiles : alors que nous étions invités à nous installer dans un spacieux garage, nos hôtes David et Ginger nous ont finalement laissé les clés de leur résidence secondaire au bar fort bien garni avec jacuzzi sur la terrasse. Ils nous ont rejoints pour le weekend où nous leur avons fait découvrir le bœuf bourguignon tandis qu’eux nous concoctaient de fameux burgers. Les après-midi pluvieux se sont enchainés au rythme des Margaritas (à 16h) et des White Russian si chers au Dude, de 17 à 22h.






Le temps décide finalement de se remettre au beau, et avant de repartir vers les Outer Banks (vent d’est trop défavorable), nous passons une journée de l’autre côté de la baie d’Albermale dans la charmante bourgade d’Edenton. 7 octobre : on y croit et on parcourt de nouveau les 117 km qui nous séparent des îles ; un bon vent d’ouest nous pousse à nouveau vers nos amis les loups, ours, renards, serpents, tortues et … alligators en embuscade au bord des routes. C’est l’avantage du voyage à vélo que de voir, parfois d’un peu trop près, ce que les automobilistes n’imaginent même pas.

Les campings du sud de l’ile étant fermés pour cause d’inondations, nous profitons de la plage et des couchers de soleil d’Oregon avec bière tiède, cacahuètes sablées croquantes sous la dent et escadrilles de moustiques. Pensée spéciale pour Agathe !
Nous poursuivons deux jours plus tard, quand la situation se normalise, vers le sud, longeant des alignements sans fin de maison à louer, résidences secondaires inhabitées ou bâtiments laissés à l’abandon après avoir subi semble-t-il d’un peu trop près les derniers ouragans. Comme pas mal d’îles sur la planète, les Outer Banks sont probablement condamnées à plus ou moins court terme. La route que nous suivons est en reconstruction permanente, à grand renfort de pelleteuses remodelant après chaque tempête les dunes censées protéger la route. Chaque île est reliée à la suivante soit par des ponts soit par un ferry. Nous apercevons de nombreux dauphins qui accompagnent les embarcations de pêcheurs naviguant dans la baie qui sépare les Outer Banks et le continent.


A Cap Hatteras, nous investissons le dessous d’une des nombreuses maisons sur pilotis inhabitées en attendant de prendre le ferry le lendemain (11 octobre) pour rallier Ocracoke, extrême sud des îles, où nous serons accueillis par un merveilleux crachin breton. Un couple rencontré sur le ferry, John et Dolores, nous propose, sacrilège, de charger nos vélos dans leur pickup, mais nous mettons un point d’honneur à profiter du crachin jusqu’au bout. Une fois passées les voitures qui nous accompagnaient sur le ferry et la pluie, nous nous retrouvons seuls sur cette île préservée aux plages sauvages, repaire de nombreuses espèces d’oiseaux et de pirates (c’est ici que la carrière du pirate Barbe Noire fut brutalement interrompue par les Anglais, encore eux !).




Si nous avions refusé l’offre pick up, nous avons par contre accepté et vraiment apprécié l’offre « venez dormir chez nous » de John et Dolores !


Depuis 4 jours, changement notable de météo : grand beau et chaud - nous passons donc en mode vacances à la plage en nous installant dans un camping isolé en bord d’océan. Les enfants sont dans les vagues dès 8h le matin, et les moustiques sont à nos trousses toute la journée. Ici vit une espèce qui a survécu à tous les épandages ; autant dire que ce sont des mutants capables de nous courser puis de nous siroter alors que nous pédalons à plus de 30 km/h…. En se demandant tout haut à quoi peuvent bien servir ces misérables bestioles, Théo nous a proposé une drôle de théorie sur la création des moustiques : la veille, Dieu avait inventé l’alcool. Why not !
Loin de toute pollution lumineuse, nous retrouvons des cieux chargés d’étoiles et avec la voie lactée.
Alors que nous devions repartir mardi dernier, nous ne prendrons le ferry que ce 17 octobre. Nous réalisons pleinement un des objectifs de notre périple : se permettre de prendre du temps, de repousser notre départ de cet endroit assez magique à quand bon nous semble et de n’avoir plus aucune contrainte en terme de calendrier.








Et petit bilan des 4 mois (au 5 octobre) :

Nous avons pédalé 7 174 km et avons (plus ou moins) parcouru 10 états des Etats-Unis (Montana, Minnesota, Wisconsin, Michigan, New York, New Jersey, Pennsylvanie, Maryland, Virginie et Caroline du Nord).
Nous avons accumulé 38 768 mètres de dénivelé (attention aux courbatures, Greg, en lisant ça!). Maintenant on stagne un peu au niveau de la mer !
Hébergement quasi-exclusif avec le réseau warmshowers ou chez des amis d’hôtes, le reste en camping « sauvage » Et pas de pépin technique sur les vélos (Sylvaine toujours à 0 crevaison !). Le matériel de camping souffre un peu plus….
Quant à la météo, on s’est pris 13 jours de pluie sur ce dernier mois, mais qui sont bien passés grâce aux bonnes conditions d’accueil! De l’est des Etats-Unis :
- On a adoré : le passage de la rivière Susquehanna ; l’arrivée et le départ de Washington par des pistes cyclables vraiment géniales, les musées de Washington (qui plus est sont gratuits donc accessibles à tous) ; la solidarité face aux conditions climatiques parfois difficiles et le thon exceptionnellement bien cuisiné par Tom, l’un de nos hôtes (et puis ça change des burgers).
- On a aimé : Philadelphie et ses musées aussi ; le grand bond en arrière dans le temps sur les champs de bataille de Fredericksburg et Richmond et chez les Amish ; le mémorial des frères Wright.
- Et on a moins aimé la pluie, forcément, qui s’est un peu trop invitée.
Quant à la suite du périple, comme il nous reste du temps, nous envisageons de repartir plein ouest, vers Memphis. Nous gardons la Floride (et Disneyworld) pour décembre/janvier !